
Les grèves sont bien moins répandues au Royaume-Uni qu’en France. Par exemple, une étude de la fondation Hans-Böckler en avril 2020 (donc, avant la période exceptionnelle de la pandémie) montrait qu’entre 2009 et 2018 les salariés au Royaume-Uni n’avaient fait grève en moyenne que 19 jours pour chaque 1,000 salariés, suivi par l’Espagne avec 54 jours, le Canada avec 80 jours, la Belgique avec 91 jours, et la France, en première place, avec 114 jours.
Mais à présent, la crise économique mène à une multiplication de grèves. Entre autres, les cheminots, les employés de la Poste, et les infirmiers projettent tous des grèves en 2022. La plupart demandent une hausse de salaires pour faire face à l’inflation croissante.
Au Royaume-Uni, les salariés peuvent faire grève (ou participer à d’autres formes d’action collective) s’ils font partie d’un syndicat, qu’il soit public ou (moins couramment) spécifique à leur employeur, et si ce syndicat soutient leur grève. Il sera alors généralement illégal de licencier les salariés à cause de leur participation à la grève.
En revanche, la loi est moins définie à propos d’autres mesures que les employeurs pourraient prendre contre les salariés qui font grève. Cette année, un arrêt de la Cour d’Appel anglaise a déclaré qu’un employeur pouvait imposer des sanctions disciplinaires parce qu’une salariée avait participé à l’organisation d’une série de grèves. La Cour nota dans sa décision que la loi anglaise à ce sujet n’était pas forcément compatible avec article 11 de la CEDH (qui relève de la liberté de réunion et d’association), mais qu’il s’agissait d’une question législative pour le Parlement anglais, et non d’une question pour la Cour.
Nous attendons encore une décision sur l’affaire médiatisée des grèves chez Ryanair, et nous verrons sans doute de plus en plus d’affaires semblables après les grèves causées par la crise économique. Pour l’instant, le Parlement anglais n’a pas annoncé un projet de loi qui changerait les protections légales des salariés qui font la grève et s’engagent dans d’autres actions collectives. Les employeurs pourront donc pour l’instant décourager ces dernières, par exemple en imposant des périodes de suspension non-rémunérées pour les salariés qui y participent.